Un bon placement sur la ligne de départ, la voile du temps, et il n’en fallait pas plus hier à 13 heure 30 sous le cap de la Hève pour propulser le 60 pieds Imoca Newrest – Matmut en tête de la flotte des 42 unités engagées dans la Transat Jacques Vabre. Fabrice Amedeo et Eric Péron se sont en effet offert une belle tranche de plaisir entre Le Havre et Etretat, en ouvrant la route des quatre catégories en lice. Dès la baie de Seine, avec l’arrivée attendue d’un vent soutenu de secteur sud est, multicoques et 60 pieds à plans porteurs ont fait parler leur puissance et Newrest – Matmut s’est attaché toute la nuit à garder le contact des meilleurs. Avec le jour, l’heure d’un choix crucial et peut-être déjà déterminant pour l’issue de la course s’est présentée, avec une première option plein ouest vers le coeur de la dépression en circulation au large de l’Irlande, et une possible route au plus près de l’orthodromie, travers au Golfe de Gascogne. A l’instar de nombre de protagonistes de la classe Imoca, Fabrice et Eric ont opté pour « la longue route », moins directe, plus cabossée, mais aussi plus rapide, avec à court terme, dès mercredi, une franche possibilité de plonger plein sud, dans un vent toujours fort, avec de la vitesse, en direction du Brésil.
« Nous sommes très heureux de ce départ réussi » avouait ce matin un Fabrice Amedeo reposé et à l’attaque. « Notre gennaker très creux a fait des merveilles dans les petits airs et nous nous sommes beaucoup amusés avec Eric (« Péron ») de voir avec quelle peine les Maxis multis sont parvenus à nous dépasser. » Après une belle nuit sous la lune, d’abord sous spi, puis progressivement sous gennaker fracturé, puis grand voile arrisée, Newrest – Matmut a tenu le rythme endiablé imposé par les voiliers à foïls de la nouvelle génération. « Ils nous ont passé en milieu de nuit sans que cela ne nous émeuve outre mesure » confesse Fabrice. « Nous sommes à notre place (12ème à 56 milles du leader au relevé de 14 heures) et d’emblée bien en phase avec les éléments, la course et le bateau… »
Les classements du jour ne reflètent plus qu’une vision stratégique de la course vers le Brésil. Dès l’aube, une grande partie des monocoques de 60 pieds, y compris Newrest -Matmut ont choisi de tenir un cap à l’ouest, vers les Etats-Unis, s’éloignant délibérément de la route orthodromique qui traverse le golfe de Gascogne en direction de la pointe occidentale de l’Espagne. Ces téméraires visent un point au sud de l’Irlande où le vent fort, actuellement de secteur sud sud est, va brutalement tourner au nord ouest. Les duos pourront alors mettre le cap dans la « bonne » direction, toujours à très grande vitesse, dégagés des pièges du golfe et des rivages ibériques où règne l’instabilité. Cette prise de risque a un prix, celui de l’inconfort extrême sur une mer infernale où l’on annonce des creux de plus de 7 mètres.
Fabrice et Eric s’y préparent, confiants en leur monture qui a déjà « encaissé » trois tours du monde. « Je surveille en permanence l’état du matériel » surenchérit Eric Péron au sortir d’une jolie sieste de… deux heures. « On s’attend demain mardi à une journée très difficile. On pourra ensuite comparer l’efficacité des deux routes… »
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