Fabrice Amedeo et Eric Péron vivent avec la plus grande intensité et depuis trois jours leur première expérience transatlantique en monocoque Imoca de 60 pieds. Une découverte pour les deux marins aux parcours si riches et pourtant si différents. Et pour une Première, les co-skippers de Newrest Matmut reçoivent un baptême du feu des plus corsé, avec pas moins de deux dépressions automnales très creuses à négocier en moins de 48 heures. Et force est de constater le bon comportement des hommes et du bateau dans des conditions qui ont déjà provoqué moult abandons au sein des quatre classes en lice dans cette 12ème édition de la Transat Jacques Vabre. Le choix de partir plein ouest dès la sortie de la Manche, à la rencontre des vents et mers violents associés à la dépression, était en soi un premier acte courageux, uniquement dicté par la quête de la performance. « Nous avons parfaitement contourné le centre des basses pressions par le nord » explique Fabrice. « Newrest Matmut s’est ainsi attelé au bon wagon, celui qu’emmène depuis hier Groupe Queguiner au duo Eliès-Dalin ».
Certes, les voiliers de dernières et avant dernières générations très aboutis se détachent irrémédiablement un peu plus chaque jour, mais Fabrice et Eric n’en ont cure ; « Notre objectif premier est d’abord de rejoindre Itajai avec un bateau en bon état » souligne Fabrice. « C’est pourquoi nous avons hier et ce matin encore délibérément levé le pieds, car ce n’est ni l’heure ni l’endroit pour déplorer une avarie. » A moins de 500 milles dans le nord est des Açores, Newrest Matmut doit encore toute la journée, et probablement jusqu’à vendredi subir les foudres de l’océan ; « La mer est très cabossée. Nous avons dû cette nuit à nouveau mettre cap à l’ouest lors du passage d’un nouveau front avec des vents de plus de 30 noeuds. » Nous faisons à nouveau route vers le Brésil, sous grand voile à deux ris et petite voile d’avant. Eric (Péron) fait un super boulot à la table à carte, et ses choix de route ont depuis le départ toujours été judicieux. On est encore un peu crispé car on ne veut surtout pas casser. Il y a encore un front à négocier avant de se concentrer sur l’anticyclone des Açores. On ne commencera à sécher et à ressortir les grandes voiles d’avant qu’à partir de vendredi. »
Bien que, et selon leur propre expression, « bringuebalés » par l’océan, Fabrice et Eric conservent bon moral : « la bonne humeur est de mise à bord, bien que nous soyons un peu éprouvés par le rythme de la course et la dureté des éléments. On a mis en place un bon cycle de vie, basé sur deux heures de repos individuelles et en alternance. Cela fonctionne bien. On est vigilant. On a frôle hier un filet dérivant avec ses bouées, et plus tard, une grosse bille de bois…» L’Atlantique se gagne bien à la vigilance, mille par mille.
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